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Accompagner un bébé qui souffre de reflux (1/2)

Le reflux gastro-oesophagien, au quotidien

Tous les parents ayant été confrontés à cette situation le savent : entre les pleurs, le sentiment d’impuissance, la fatigue engendrée, et sans parler des lessives à gogo, être parent d’un bébé qui souffre de reflux, c’est l’enfer ! Et malheureusement cette situation n’est pas rare puisqu’on estime que cette pathologie concerne 1 bébé sur 5, soit 20% des tout-petits.

Signaux évocateurs, coups de pouce pour soulager, astuces portage… On en parle au travers de 2 articles consacrés spécifiquement à cette thématique !

Régurgitations physiologique ou Reflux gastro-œsophagien (RGO) ?

En premier lieu quelques petites explications.

Le reflux gastro-œsophagien (RGO pour les intimes), c’est ce qu’on appelle plus communément les remontées acides. Mesdames pendant la grossesse, il est probable que vous ayez expérimenté ça, et si oui en général vous vous en souvenez. Parce que ça fait (très) mal. Cela correspond à une remontée d’une partie du contenu de l’estomac dans l’œsophage, lequel n’est absolument pas conçu pour supporter l’acidité du liquide en question. Cela génère donc des sensations très désagréables de brûlure, et peut à plus ou moins long terme occasionner une inflammation de la muqueuse de l’œsophage (œsophagite).

Il n’est pas rare de s’interroger sur la différence entre un reflux (pathologique) et des régurgitations (physiologique), d’autant qu’il est assez commun de s’entendre dire qu’un bébé qui régurgite c’est normal, et qu’un bébé qui pleure, c’est normal aussi. Certes ça peut être vrai dans une certaine mesure, mais les parents même d’un premier enfant se rendent bien compte quand l’intensité des pleurs de leur bébé n’est pas normale.

Les régurgitations physiologiques sont reliées à une immaturité du petit clapet à la base de l’œsophage. Après une tétée ou un biberon, le trop-plein ressort (souvent au même moment qu’on propose le rot), sans que choupinou ne paraisse le moins du monde gêné d’avoir retapissé tout votre t-shirt. D’ailleurs il vous fait un grand sourire !

Les régurgitations physiologiques ont donc lieu juste après le repas, le lait qui sort n’est pas du tout caillé – prédigéré. Et surtout votre bout de chou n’est pas ni gêné ni douloureux par ces dernières.

Dans le cas d’un RGO, les remontées sont moins liées aux repas, elles existent même lorsque l’estomac est « vide », et elles sont extrêmement acides. Dans les signaux qui peuvent y faire penser, on peut retrouver (de façon non exhaustive) :

  • Un bébé qui pleure énormément, est très agité, nerveux
  • Il supporte souvent difficilement la station allongée et vous devez le garder vertical un maximum de temps
  • Il lui arrive de régurgiter à distance des tétées du lait caillé
  • Il semble « mâchonner » souvent
  • Vous l’entendez régulièrement ravaler quelque chose (et il pleure ou se raidit souvent dans la foulée)
  • Il est extrêmement raide, très tendu, hypertonique et semble ne jamais se détendre
  • Il peut avoir une haleine « acide »
  • Il peut avoir une voix qui devient rauque, éraillée

Évidemment tous les bébés ne vont pas montrer les mêmes signaux, certains n’en présenteront que quelques-uns, d’autres la quasi-totalité…

A noter que le reflux n’est pas forcément associé à des renvois de lait, on parle alors de reflux « interne ».

A partir du moment où vous avez des doutes sur ce sujet, il est vivement conseillé d’en faire part au médecin ou pédiatre en charge du suivi médical de votre bébé, pour qu’il puisse établir (ou non si ce n’est pas ça) un diagnostic, et le cas échéant, proposer des traitements pour soulager votre tout-petit.

Soulager la douleur

La première difficulté qui se pose en général, c’est la douleur à laquelle votre bout de chou est confronté. Il pleure, beaucoup, de véritables hurlements qui vous laissent totalement impuissants à le soulager.

On abordera plus spécifiquement après l’alimentation, qui joue un rôle dans cette histoire, mais modifier ou améliorer cette dernière est bien souvent insuffisant pour vraiment limiter la casse.

C’est là que le médecin intervient. Pansements gastriques, anti-acides (inhibiteurs de la pompe à protons), il a plein de cordes à son arc et peut aider votre famille et soulager votre bébé.

Même si évidemment personne n’aime donner des médicaments à son tout-petit, une douleur importante pèse grandement dans la balance bénéfices-risques (et soyons honnêtes, quand on a une crise de migraine ou autre douleur… on prend aussi un antalgique. C’est du même ordre pour nos p’tits bouts).

Le reflux peut parfois impacter d’autres sphères de la santé de votre bébé en induisant notamment une plus grande fragilité sur le plan ORL, ou en provoquant de la toux.

Le premier réflexe à avoir donc, c’est de prendre un RDV pour aborder le sujet avec un professionnel de santé, ce qui n’empêche pas en parallèle de chercher d’autres leviers d’action, notamment au travers de l’alimentation.

Alimentation et reflux

Si l’alimentation du bébé est toujours sujette à débat et réflexions, c’est encore plus vrai dès lors que le bébé présente quelques particularités ! On entend souvent qu’en cas de reflux, il faut espacer les repas et épaissir le lait, or ce n’est pas forcément une très bonne idée !

En effet, les remontées les plus douloureuses ont lieu non pas lorsqu’il y a du lait dans l’estomac, mais lorsque celui-ci est « vide » ! On rappelle que dans ce cas pathologique, les remontées sont présentes même en dehors des repas, qu’il y ait du lait dans le ventre ou non. La présence de lait aide à tempérer un peu l’acidité et à rendre le reflux moins douloureux.

Dans le cas du lait épaissi, il s’avère souvent être un peu moins digeste, ce qui peut favoriser…. les reflux. En outre si bébé ne régurgite plus, le contenu de l’estomac remonte quand même toujours, juste moins haut, et au lieu de ne brûler qu’à la montée, il brûle aussi à la descente

On conseille donc plutôt de fractionner les repas en donnant des petites quantités à la fois mais plus souvent (d’autant que boire du lait soulage la douleur), pour aider à limiter l’acidité et éviter l’effet « grosse quantité d’un coup » qui est souvent moins digeste.

Si le bébé est allaité, il n’est pas question ni de le tirer pour l’épaissir, ni de stopper l’allaitement ! Le lait maternel est un véritable « médicament » en cas de reflux, ses propriétés cicatrisantes notamment aident grandement à limiter les occurrences d’œsophagite. Il est également très digeste. Ne pas hésiter à proposer autant de fois que bébé le réclame.

Si le bébé n’est pas allaité, quelques petites astuces peuvent aider à favoriser sa digestion :

  • Impérativement chauffer le lait. A « température ambiante », la préparation est très indigeste et demande au bébé énormément d’énergie pour réguler sa température interne après un repas perçu comme froid (18-20 degrés c’est assez froid comparativement à la température corporelle de 37), énergie qui n’est pas allouée à la digestion.
  • Proposer le biberon de façon physiologique : bébé semi-assis sur les genoux de son parent, biberon proposé horizontal. Il y aura de l’air sur le haut de la tétine, c’est normal et pas grave. Cette façon de donner permet au tout-petit d’être actif dans sa prise, de ne pas subir un flux trop important, et de plus facilement faire des pauses et ressentir sa satiété.
  • Ne pas hésiter à proposer « à la demande » comme au sein, avec des petites quantités plus fréquentes (évidemment pas toutes les 30mn non plus). Plus bébé aura faim et s’agacera, plus la prise du biberon sera chaotique et moins il gèrera correctement => reflux.

La vérité, c’est qu’il n’existe pas de solution magique unique côté alimentation. Charge à chaque parent de faire des tests et de trouver l’équilibre qui semble le mieux convenir à son bébé. Il y a souvent un petit ajustement dans le fractionnement, où on se rend compte par exemple que le bout de chou est plus confortable si on laisse 1h30 entre 2 tétées et que si on donne vraiment tout le temps comme il réclame ça ne le calme pas vraiment. A vous de voir ce qui est le plus adapté à votre famille (même si on est d’accord, ce n’est pas simple !).

A noter que dans certains cas, on peut retrouver derrière le reflux une allergie aux protéines de lait de vache (généralement non IGE-médiée), en présence d’autres signaux d’appel cela peut être à discuter avec le médecin pour évaluer la pertinence de tests et/ou éviction.

Si votre bébé semble subitement présenter des difficultés importantes à s’alimenter (sous-entendu : il a trop mal), c’est un motif de consultation urgente. N’hésitez pas à appeler le 15 pour obtenir des conseils.

Survivre au quotidien…

On est d’accord que dit comme ça, ce n’est pas très encourageant, mais les parents passés par là le savent et le confirmeront : le quotidien avec un « bébé RGO » comme on le lit parfois, c’est le mode survie !

Les pleurs importants sont extrêmement fatigants et difficiles à vivre pour les familles. C’est une pathologie qui devrait induire chez les professionnels de santé qui accompagnent le bébé une grande vigilance sur la santé (psychologique en particulier) des parents. C’est un facteur favorisant notamment les dépressions post-partum ou les syndromes du bébé secoué.

Une fois le contexte posé, qu’est-ce qu’on fait ?

On fait de son mieux.
Et comme on peut surtout.

Soulager la douleur est une priorité. Pour le reste, si la maison est en bazar et qu’on mange un peu plus de pâtes que d’habitude, ma foi ce n’est pas si grave. C’est le bon moment pour appeler à l’aide autour de vous : grands-parents, oncles et tantes, amis… Pouvoir laisser votre bébé 1h pour souffler dormir, ou déléguer un peu de ménage et de cuisine.

Vous pouvez aussi trouver de l’écoute et des ressources auprès des PMI ou de lieux d’accueil parents-enfants (LAEP).

D’une manière générale il faut bien intégrer que si votre enfant pleure, ce n’est aucunement de votre faute. Vous ne faites rien « mal », ce n’est pas lié à une incompétence X ou Y de votre part. Vous faites tout le nécessaire pour aider votre bout de chou (d’ailleurs vous êtes précisément en train de lire cet article !). Il s’agit bel et bien d’une pathologie.

On a donc fait le tour ici de ce qu’est le reflux, et de quelques ressources et clés pour le quotidien. Le portage physiologique s’avère également être une aide conséquente dans le quotidien, c’est à lire dans le 2nd article consacré à ce thème.